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"Les écologistes.fr" au marché de Vienne : la supercherie

Ce samedi matin, deux messieurs distribuaient des tracts au marché de Vienne. Un tract qui invite à « construire un nouveau mouvement écologiste ». Voilà qui est intéressant de prime abord. Le hic, c’est que cela n’a rien d’une démarche citoyenne et militante, et tout de la communication politique.

Ils présentent bien ces messieurs. Sympathiques, avenants, souriants, trois bonnes raisons de les délester d’un de leur tract, d’autant que les chatoyantes couleurs de l’objet nous engagent facilement. On passe, on prend, bonjour, merci et bonne journée, on enfourne dans le cabas avec les radis et le chou-fleur.

Après avoir paré nos radis, on s’attelle à la lecture du flyer, et là, c’est la consternation.
Le recto est d’un graphisme d’une naiveté affligeante. On suppose que le tournesol est l’emblème du truc, parce qu’alors c’est une véritable indigestion. Même la fille au centre en a un dans les cheveux. D’ailleurs ils nous font le black blanc beur version 2023, le truc bien mainstream. Au lieu de dessiner 4 personnes, ils en mettent 3, dommage. Dans un trio, y’a toujours un perdant. Et là, c’est le vieux monsieur on dirait, parce que les filles se marrent, elle se foutent de lui, donc il boude un peu, mais pas trop, parce que de nos jours, ce sont les filles qui ont raison, GIRL POWA ! Bon, en arrière-plan, on a un pseudo arc-en-ciel. Pas un vrai, parce que sinon, c’est un braquage au mouvement LGBTQI+ Pourtant, on a encore le droit de dessiner des arcs-en ciel sans risquer un procès, mais par fébrilité, les « écologistespointfr » ne s’y sont point risqués. On voit aussi des éoliennes et des buildings sur ce recto. Mouais.

Mais surtout, on voit le slogan du grand capital repris à mauvais compte par ces gens « Venez comme vous êtes ». Déduction : ils et elles sont capitalo-compatibles. On en veut donc pas ! Bon, là, on devrait retourner à nos radis, mais pour vous, on continue. On apprend qu’on a 150 jours pour construire un nouveau mouvement écolo. Le voile tombe à ce stade. Il s’agit bel et bien d’une communication politique. Ca y est, maintenant je sais : le monsieur barbu du marché, on l’a vu se présenter aux législatives pour EELV / NUPES, même qu’on le connaissait pas avant, et qu’on le connait toujours pas. Bref, l’enfumerie est démasqué, retournons le flyer.

Au verso, la sidération l’emporte. On apprend que le GIEC s’est trompé car on a que « 150 jours pour tout changer », putain la pression insupportable…On retrouve notre petit champ de tournesols maigrelets ainsi que nos 3 personnages dont la cheffe au centre a toujours les bras croisés et se fout de notre gueule en plus de celle de l’ancien à côté d’elle.
Dans la partie jaune en haut, y’a du texte. Une invitation totalement bateau à rejoindre le mouvement, avec de vagues objectifs, et ce putain de mot « convivialité ». Dès que le dominant fait une pause, il partage des moments conviviaux, et se pare d’habits de respectabilité drôlatique qui lui permettront par la suite de mieux nous l’enfiler. On ne veut pas de moment convivial, on veut tout, on veut le pouvoir !
Le pire c’est ce qui suit dans la partie verte. Pour ratisser le plus large possible, les auteur.e.s se sont réuni et ont fait le tour de la clientèle. On va en taire la litanie, mais ce qu’on retient : la jeunesse qui « ne comprend pas l’inaction climatique », merci pour le crédit accordé à la conscience politique de nos jeunes, qui comprennent très bien ce qui se passe. Les ouvrier.e.s ne seraient pas inquiets de leur salaire au 1er chef ? On n’oubliera pas « les entrepreneurs et entrepreneuses » ça en dit long. Pas de trace de lutte des classes, de confrontation, d’opposition à la social-Démocratie, beurk...
Bref… Là n’est pas l’essentiel. Ce qui est choquant au terme de la lecture pénible de ce flyer, c’est qu’EELV a avancé masqué, sans jamais évoqué le fait qu’il s’agit en réalité de répondre aux attentes de la nouvelle direction du parti. C’est la communication malhonnête d’un parti, qui prétend refonder l’écologie politique. EELV a tout à fait le droit de choisir ses méthodes de recrutement. Mais de manière transparente. S’engager dans un parti politique, ce n’est pas la même chose que de planter des tournesols. Ce parti européiste et capitalo-compatible a toujours fait la preuve de son dévouement au dogme de l’Europe ultra-libérale dont l’essence est la concurrence libre et non faussée, celle-là même qui nous écrase, nous appauvrit, nous asservit. EELV ferait bien de choisir son camp. Nous l’avons choisi, et ce n’est pas le leur.

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