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Les précaires de l’Education Nationale

Dans le service public aussi on précarise pour pouvoir économiser de l’argent au détriment des enfants fragiles.

Il existe de la maternelle à l’enseignement supérieur des personnes en charge d’aider les enfants ou les jeunes en situation de handicap, on les appelle AESH : assistant.es d’élève en situation de handicap. Suivant le diagnostic posé, les enfants ont droit à plusieurs heures avec un.e assistant.e afin de pouvoir être en classe avec les autres enfants et apprendre à leur rythme.
Les AESH sont indispensables au fonctionnement de l’école dite inclusive, pourtant ces personnes sont paticulièrement mal traitées pas l’institution publique.

Plusieurs dizaines d’AESH travaillent à Vienne et alentours et s’occupent d’enfants dès leur entrée dans la scolarité et pour certain.e.s jusque dans l’enseignement supérieur. Il s’agit d’une profession très largement féminine comme souvent dans le soin à la personne.
Les AESH signent un CDD avec le rectorat qui impose un maximum de 24 heures/semaine payées 600 euros net. Aucune formation n’est dispensée même dans le cas de troubles autistiques. L’école, collège ou lycée de rattachement ainsi que le nombre d’élèves et leurs pathologies ne sont connues qu’à la prise de poste de l’assistant.e.
Il n’est pas prévu qu’elle ou il assiste aux réunions de coordination entre les familles, les enseignant.e.s et le corps médical, pourtant ce sont ces personnes qui sont avec l’enfant au quotidien.
Incroyable, non ? Et pourtant c’est la réalité du service public.
Les enfants bénéficiant de 24heures d’assistance sont rares, le service des AESH est donc souvent partagé entre plusieurs enfants, de la même école la plupart du temps mais les choses se compliquent en collège et lycée.
A ce niveau, les AESH sont contraintes par l’administration à partager leur temps entre des élèves de niveaux et de pathologies différentes, créant parfois des tensions et des angoisses pour les enfants.

Pourquoi ne pas tout simplement affecter un.e AESH par élève ?

La réponse tient dans le système libéral appliqué au service public : les AESH précaires et sous payées ne sont pas assez nombreu.ses.x. La réponse apportée par l’Etat, qui a annoncé vouloir scolariser au maximum les enfants en situation de handicap est...du management. C’est à dire la création de : Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) qui doivent gérer ces personnels de manière rationnelle.

Vous avez besoin d’une traduction de la langue de bois ?

L’Etat n’arrive pas à recruter davantage d’AESH car les conditions de travail et de salaires ne sont pas bonnes (j’ai oublié de dire que si l’AESH doit se déplacer entre 2 établissements scolaires, c’est à sa charge) mais il a promis d’intégrer les enfants, pour résoudre ce dilemme, il donne quelques heures par enfant, à charge de l’enseignant.e de s’occuper ensuite sans soutien de sa classe et du ou des enfants en situation de handicap. Ainsi tout le monde souffre, l’enfant qui n’est pas pris en charge, l’enseignant.e débordé.e qui a le sentiment de négliger tout le monde et l’AESH qui ne peut pas faire son travail correctement.

L’école inclusive encore un bel échec du gouvernement !

A tous les niveaux l’éducation nationale n’assume pas la charge qui lui incombe faute de moyens humains et financiers, voici un échantillon de témoignages d’AESH de Vienne et sa région :

- en Maternelle : si l’AESH n’est pas là, les parents ne peuvent pas laisser leur enfant à l’école.

- en Primaire : une AESH a été en arrêt maladie sur une longue période et n’a pas été remplacée. L’enfant qu’elle soutien a perdu tous ses repères et est devenue ingérable pour l’enseignant. L’enfant était en grand mal être, l’enseignant aussi. Les autres enfants n’ont pas compris et ont souffert de la situation également.

- en lycée, la direction a demandé aux AESH de s’occuper de plusieurs élèves qui ont été regroupé dans la même classe.
Lors des examens il est fréquent que les AESH s’occupent des élèves qu’ielles ont en charge habituellement ce qui entraine des soupçons de fraude.
Une AESH s’est vue demander d’être en examen avec une élève quie bénéficie d’un tiers temps pour une durée de 5h20 (8h-13h20) et de recommencer l’après-midi avec un autre élève (14h-19h20). Bien évidement, les heures supplémantaires ne sont pas payées.

Des manifestations devant tous les rectorats

Jeudi 13 juin, à l’appel des syndicats, les AESH se sont mobilisées pour obtenir une amélioration de leurs conditions de travail. Une mobilisation toujours timide compte-tenu de leur précarité.
Le gouvernement a annoncé que les AESH pourraient avoir des contrats plus importants en nombre d’heures, bénéficier de CDI et des primes allouées dans les zones d’éducation prioritaire.
Des annonces médiocres qui ne règlent aucun des problèmes posés ci-dessus, reste donc la solution qui émerge dans les établissements privés : engager des AESH au contrat dans des agences de services à la personne soit une privatisation d’un service public indispensable.

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