Il y a 1 an, Eve Kouache disparaissait dans de mystérieuses circonstances. Transgenre de 1,50m, très typée et reconnue personne handicapée, Eve avait vécu plusieurs années en Isère avant d’être forcée de quitter la région. En juin 2013, après un parcours transitionnel semé d’embûches et de mépris dont j’ai été témoin, elle obtenait enfin l’autorisation de s’appeler "mademoiselle" pour l’état-civil et avait démontré un courage exemplaire à vouloir s’en sortir seule. Quand les pressions étaient trop fortes aux guichets des administrations ou qu’elle se sentait menacée dans son intégrité elle prenait le large, à la recherche d’un coin de ciel un peu plus bleu. Puis elle s’en revenait chez elle, gonflée d’une nouvelle énergie. C’était sa façon de s’affranchir des règles et des normes sociales, de libérer son esprit et se démarquer des pouvoirs autocratiques qui marginalisent toute opposition au socialement correct. Ses fugues qui ne nuisaient à personne étaient un répit qui lui donnait la force d’affronter sa réalité. C’était ainsi qu’elle fonctionnait, c’était ainsi que nous la connaissions et que nous l’aimions.
Le 10 juillet 2022 Eve était arrêtée en gare d’Évian, en Haute-Savoie, où tel un animal aux abois elle s’y était réfugiée pour sauver sa vie. Incapable de présenter des papiers d’identité qu’on lui avait volés en même temps que son portable et son traitement hormonal, on a l’a séquestrée sans ménagements sous l’appellation SDF et SOUS X dans un hôpital psychiatrique : Motif ? Voyage pathologique d’un(e) schizophrène ! Eve avait entendu son nom dans le micro de la SNCF et ce détail idoine a justifié la neutralisation d’un individu dont on a refusé l’humanité. Un fait-divers gardé secret car le 20 juillet 2022 Eve était retrouvée pendue dans la plus grande indifférence.
Il y a 1 an j’ai juré de me battre jusqu’à mon dernier souffle pour qu’on rende justice à mon enfant et depuis 1 an j’attends des réponses à mes questions. En vain.
La disparition d’un(e) transgenre n’émeut personne. Pourtant, la souffrance d’Eve Kouache est loin d’être anecdotique. Quel danger, quel risque humain suscitait celle dont la petite taille était un handicap, dans cette gare ou ce train dans lequel elle s’était réfugiée ? Dans quel ordre se sont succédées son arrestation, sa perte de connaissance et son réveil en H.P ? Pourquoi l’isolement, la contention et un traitement médical lui ont-ils été appliqués par la contrainte quand elle ne pensait qu’à retourner chez elle pour payer son loyer ? Pourquoi Eve qui vivait à Nantes était en Haute-Savoie ? Pourquoi personne ne l’a t’il assistée pour porter plainte pour le vol de ses moyens de subsistance ?
Pour éviter des révélations dans la presse ou les médias. Pour éluder les conditions dudit suicide d’une patiente en chambre d’isolement, sous double contention et bourrée de médocs. Pour que personne n’apprenne que les droits les plus élémentaires d’un être humain ont été bafoués. Et ces contradictions notoires ainsi que ce silence assourdissant qui durent depuis 1 an sont la preuve qu’on me cache des choses. Je m’interroge beaucoup sur cette mort que j’ai qualifiée de douteuse auprès du Procureur de la République. Comme tant d’autres avant elle, Eve a-t-elle été victime d’une ou de plusieurs discriminations. Si oui, j’en appelle à la Justice et au droit, car les responsable doivent être jugés.
Combien de temps encore prendra t-on les LGBT pour des obstacles à la civilisation ?
Combien de temps faudra t’il pour admettre que leur Liberté, cette valeur cardinale, commence ou s’arrête la nôtre ? Et enfin comment agir pour ne plus confondre la transidentité avec un problème identitaire ?
Il est urgent de s’attaquer aux causes de ces discriminations plutôt que d’en subir les conséquences. Et je ne lâcherai rien !

https://rebellyon.info/Je-porte-plainte-Affaire-Eve-25076
https://rebellyon.info/Appel-a-temoins-affaire-Eve-25006