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La Confédération paysanne bloque le péage !

Depuis près de 2 semaines, le monde agricole exprime sa souffrance et ses inquiétudes en France, tout comme l’ont fait les autres pays européens, en particulier l’Allemagne et l’Espagne.
Le syndicat minoritaire qu’est la Confédération paysanne n’est pas en reste et entend être audible dans le discours ambiant de la FNSEA écocidaire et libérale.
Alter s’est rendu sur place.

Les flics nous avaient tout préparé

Le rassemblement étaient prévu à 8h au Super U de la Verpillère, les paysan.nes sont donc parti.es tôt ce matin. Au volant des tracteurs, beaucoup de femmes, une des spécificités de la Confédération Paysanne (CP) qui milite pour plus d’égalité dans le monde agricole.
Tracteurs, voitures et vélos ont convergé après 9h vers le péage autoroutier déjà fermé et sécurisé par les forces de l’ordre.
“On veut rester au moins 24h, nous dit une militante, mais la déclaration de manifestation court jusqu’à jeudi 16h, on va voir combien pourront rester jusque là”

Pas facile en effet de quitter sa ferme pour manifester, surtout les éleveureuses qui ont parfois envoyé des proches à leur place, c’est le cas de cet agriculteur à la retraite, venu en voisin représenter son fils : “il a trop de boulot”, confie t-il.
Une des revendications de la CP est d’avoir une réelle protection sociale qui permette aussi d’être remplacé.e et indemnisé.e sur son exploitation quand cela est nécessaire (maladie, congés, retraite...).

Les manifestant.es étaient environ 200 sur place, la majorité syndiquée à la Confédération Paysanne mais aussi quelques associations et syndicats (France Nature Environnement, Greenpeace, la CGT, Solidaires).

Plusieur.e.s représentant.e.s de la CP en AURA ont pris la parole pour rappeler les revendications communes mais aussi les divergeances avec la FNSEA :

Deux points d’accord existent avec les autres syndicats agricoles

- Refuser et lutter contre les traités de libre echange par exemple celui qui permet les importations de viande ovine depuis la Nouvelle Zélande.

- Garantir un prix minimum pour l’entrée des produits sur le territoire pour casser la concurrence faussée de pays où le droit du travail et les normes environnementales ne sont pas respectées.
Ce prix minimum permettra de rémunérer les produteurices et leur offrir une protection sociale.

Mais aussi des divergences

La CP condamne la plupart des demandes au gouvernement de la FNSEA comme le "concours Lépine des idées liberales".
En effet, une agriculture est possible sans pesticides ni glyphosate tout en respactant les normes sociales et environnementales.

Par exemple en Savoie, les appelations sur les fromages permettent d’avoir des produits de qualité, plébiscités par les consommateurices avec des prix qui permettent une réelle rémunération.

Toujours en Savoie, les apiculteurices arrivent à vendre correctement leur miel grâce à la mise en valeur des leurs produits et au tourisme. Mais la filière apicole, représentée par la GAPS (Groupement Apicole des Producteurs de Savoie) est en crise.

En effet, les abeilles sont les sentinelles de l’environement et sont particulièrement exposées au changement climatique : la production baisse, la cohabitation avec les grandes cultures expose les ruches aux intoxications sans que les multinationales des produits phytosanitaires ne le reconnaissent ni ne l’assument.
Les exploitant.e.s sont en rivalité avec des miels étrangers : Ukraine moins de 2 euros kilo, Chine ces "miels" sont dilués en usine avec du miel de synthèse de moins en moins détectable, il s’agit là d’une concurrence insupportable pour les apiculteurices dont les trésoreries sont déjà mis à mal par les nombreuses catastrophes naturelles.

Faire société ensemble

Enfin, les portes-parole rappelent que l’agriculture s’inscrit dans la société et que les paysan.nes ont conscience des enjeux climatiques, que l’agriculture est un choix qui les rend heureu.ses.x et qu’il ne faut pas aussi oublier la sécurité sociale des consommateurices : il faut des prix minimum pour une juste rémunération mais il faut aussi que tout le monde puisse manger à sa faim et correctement.

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