Brèves

Entretien avec Camille, activiste des autocollants !

Qui es-tu ?
Je m’appelle Camille, j’ai 35 ans, je travaille dans la fonction
publique et depuis le début du 2ème confinement je colle des
autocollants dans les rues.

Quel genre d’autocollant ?

Je les fabrique moi-même avec un traceur de lettres et de courts
messages, j’ai trouvé des planches autocollantes en papeterie. Je veux
continuer à militer même pendant cette période.

Pourquoi ?

Parce que je ne suis pas d’accord avec le modèle politique, économique,
social et écologique actuel et je ne veux pas que nous dirigeant-e-s
pensent qu’il n’y a plus d’opposition à leurs actions.

Tu penses à quoi ?
Aux libertés individuelles par exemples avec la loi de sécurité globale
qui s’annonce.

Tu vises aussi la population ?
Oui bien sur, et d’abord elle. Quand je place près d’une école un
autocollant qui dit « finis tes betteraves aux insecticides » c’est pour
faire réfléchir, sait-on vraiment ce qu’on mange ? Comment s’assurer que
nos aliments ne sont pas dangereux avec tous les traitements qu’ils
subissent ?

De la même manière le slogan des gilets jaunes « travaille, consomme et
ferme ta gueule » est là pour provoquer et interpeller celui ou celle
qui lit le message, tout comme « Amazon m’a tuer » mon but est
d’interroger sur la manière dont on consomme toujours plus dans un monde
fini. Non seulement c’est de la matière, de l’eau et de l’énergie qui
sont utilisées mais en plus les commerces locaux en pâtissent. Ca me
désespère de voir autant de commerces fermés à Vienne.

C’est quand même imposer des messages dans les rues, c’est un peu
directif, non ?

Beaucoup moins que les publicités sur les panneaux JCDecaut.
Personnellement je suis bien plus choquée de voir une femme a moitié nue
pour vendre n’importe quoi dans le centre-ville. La pub nous impose des
images en permanence qui délivrent aussi un message avec lequel je suis
en opposition : consommer à outrance, poser son cerveau, objetiser les
femmes.
Pour moi il faut se réapproprier l’espace public, à tous les niveaux et
montrer que je lutte contre les modèles qu’on veut nous imposer « non
c’est non, ma jupe n’est pas une invitation ».

Comment écris-tu tes messages ?
J’essaye de chercher un peu d’humour comme avec les betteraves. J’ai
aussi « trop d’impôts ? Demande conseil à Bernard Arnault » ou alors « 
vous avez vu mon gros SUV ? », avant tout j’ai envie de rigoler c’est
aussi ça qui me motive, imaginer la tête des gens qui liront mes petits
messages. Je sais bien que je ne vais pas créer une révolution mais un
sourire déjà c’est une idée qui me plait !

Tu penses que c’est utile ?
Je pense qu’il faut porter le message des associations, elles prennent
du poids en étant visibles, les politiques s’emparent de certains thèmes
comme l’écologie lors des dernières municipales.