Analyses

Et toi tu vas quand à Ibiza ?

Les profs sont encore furax contre leur ministre
JM Blanquer a préparé et annoncé son 52ème protocole la veille de la rentrée du 3 janvier depuis Ibiza. Obligeant une nouvelle fois les directrices et directeurs d’école à organiser leur rentrée en catastrophe et de prévenir les parents au dernier moment.

S’en est suivi une semaine cauchemardesque pour les familles avec plusieurs tests à faire aux enfants, des enfants angoissé.e.s de tomber malade, sans parler de la surcharge de travail des laboratoires et autres pharmacie.

C’est ce qui explique que la mobilisation enseignante du 13 janvier ait été massive, des milliers de profs ont décidé de renoncer à un jour de salaire pour exprimer leur colère contre celui que personne n’arrive à suivre depuis son entrée au ministère de l’Education Nationale.

Rends l’argent !

Que ce soit dans le primaire ou dans le secondaire, ce qu’on va retenir de Blanquer c’est que c’est un ministre qui rend du budget, plusieurs millions en 2018 et en 2021.
Comment imaginer que dans un ministère où les conditions de travail se dégradent à vue d’œil le ministre puisse ne pas dépenser ce qui lui est alloué par l’État ?!

Au lycée, la norme pour les rectorats, est de 35 élèves par classe pour pouvoir avoir passer à 15 élèves en Grande Section, CP et CE1 dans les zones d’éducation prioritaires. Ce choix apparaît comme profondément injuste pour les élèves de lycée qui payent pour cette réforme nécessaire mais qui aurait du être financée autrement.

Toujours au lycée, la réforme du bac à mobilisé contre elle au moment de sa mise en place. Une violence d’état inouïe contre des élèves a tenté de mater ces prises de position contre un système pensé pour être injuste et inégalitaire : la disparition des épreuves finales anonymes accroît la pression sur les élèves et les établissements scolaires de même qu’elle signe la disparition d’un diplôme unique au profit d’un contrôle continu par définition inégalitaire.

La mobilisation locale

A Vienne, 9 jeunes ont été interpellé.e.s et interrogé.e.s par la gendarmerie d’Ampuis pour « tentative de dégradations », les poursuites ont été engagées jusqu’au tribunal où le seul majeur a été condamné à une amende de 1500 euros avec sursis autrement dit, comment décourager les jeunes de s’engager dans les luttes contre les injustices ?

C’est là qu’intervient la crise du covid. Passons sur la déclaration de Blanquer qui jurait que les écoles ne fermeraient pas la veille de l’annonce de fermeture par Macron.

Depuis le retour à l’école des élèves, les profs n’ont pas cessé de se sentir en danger dans leur travail et méprisé.e.s par leur hiérarchie : masques insuffisants voir toxiques pour certains, capteurs de CO2 insuffisants, des protocoles qui changent et se contredisent plusieurs fois par semaine et des personnels en nombre insuffisant.
Personne ne veut venir travailler dans l’éducation nationale car les salaires sont bas et les contrats de plus en plus précaires. Les profs malades ne sont pas remplacé.e.s, les postes d’Assistant.e aux Elèves en Situation de Handicap ne sont pas pourvus.

Un directeur d’école à Vienne témoigne : « nos dossiers pour prise en charge des élèves handicapé.e.s sont retoqués par l’inspection ou par le rectorat mais personne ne nous aide ni ne nous explique pourquoi ni comment faire ». Immense est le désarrois. Pour permettre une intégration à l’école des élèves en situation de handicap les enseignant.e.s ne peuvent compter sur personne mais gare à la colère de la hiérarchie si les élèves restent aux portes des écoles !

Dans la circonscription de Vienne 2, il n’y a qu’une médecin scolaire, bientôt à la retraite, une poignée d’infirmier et infirmière scolaires et plus aucune assistante sociale. Comment donc assurer le suivi médical et social, en particulier des familles fragiles ?
Le travail est fait par les enseignant.e.s qui doivent donc faire ce suivi et signaler les situations où les enfants sont en danger sans le soutien des professionnel.le.s qui subissent également la politique de privatisation des services publics.

La hiérarchie demande toujours plus d’administratif et tâches annexes sans donner les moyens financiers et humains de le faire, voilà pourquoi les profs démissionnent en masse, d’épuisement, de frustration et de ne pas pouvoir assurer leur mission d’enseignement.

« je n’ai pas signé pour ça,

indique une professeure de lycée, au bout de 15 ans de carrière en histoire et géographie mes conditions de travail se sont dégradées pour un salaire qui n’augmente pas, le point d’indice, qui devrait évoluer en fonction de l’inflation, est gelé depuis des dizaines d’années !
Les demi-groupes étaient la règle dans ma matière, en particulier pour l’EMC (Education Morale et Civique), c’est fini à présent, tout est « enseigné » en classe entière. On passe notre mois de juin à se battre contre le proviseur pour qu’il demande des moyens au rectorat et là on voit Blanquer qui se gargarise de rendre des millions, c’est scandaleux ».

Pourtant j’aime mon métier, argument imparable des profs et des soignantes, et oui, sous prétexte que ces emplois sont des « vocations » on les laisse aux femmes et on se permet de mal les payer, déjà on vous paye, vous pourriez dire merci !
« Le manque de considération et l’infantilisation vont avec la féminisation des professions, dixit un médecin généraliste de Vienne, on le voit déjà à notre échelle, depuis que les femmes ont investi la médecine générale en masse, on a vu la charge administrative être démultipliée mais contrairement aux profs on a encore la considération du public ».

Les enseignant.e.s ne sont pas dupes, ce que le ministre veut c’est une privatisation maximale de l’Ecole dans sa logique capitaliste de désengagement de l’État.
Les dangers sont multiples, d’abord pour la sécurité des enfants, dans une école privé du centre ville de Vienne, une adulte est autorisée à s’occuper seule de toute la restauration scolaire des élèves de maternelles et d’élémentaire, parfois jusqu’à 50 enfants. C’est une enseignante de cet établissement qui nous en informe, indiquant qu’elle ne laisse pas ses propres enfants déjeuner à la cantine.

Ce que craignent surtout les profs c’est une dégradation de la qualité et du niveau scolaire permettant par là même la manipulation des masses par les dirigeant.e.s.
Gardons la conviction que l’école, contrairement à la situation actuelle, doit permettre l’émancipation de toutes et de tous, peu importe leurs origines.

C’est pourquoi nous devons soutenir le service public ! En lutte !