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Burger King débarque à Chasse-sur-Rhône : non merci

La chaîne de fast-food arrive dans la région, et cela ravi des citoyen.ne.s sur les réseaux sociaux. Preuve que notre société n’est décidément pas prête à s’engager pour changer les règles afin de sauver ce qui peut encore l’être, dans la catastrophe écologique et sociale qui sévit à bas bruit. Entre gestion des déchets, déforestation, bullshit job, défiscalisation, et malbouffe, pourquoi devrait-on se réjouir que de tels modèles perdurent ?

Une pataterie disparait, un fast-food nait. La zone commerciale de Chasse abrite déjà plusieurs restos et fast-foods ou on peut manger de la merde en famille entre les boutiques climatisées de fringues fabriquées dans les ateliers prolétaires d’Asie du sud-est. Cette zone est tout à fait conforme aux centaines d’autres qui jonchent le territoire, le modèle est immuable et contribue à uniformiser les paysages marchands afin que chacun.e s’y retrouve, ou qu’il aille. On l’appelle le retail park. On nous amuse, on nous divertit, et on nous nourrit, la douloureuse est amoindrie par le sentiment de « vivre une expérience » de consommation. Nous sommes les victimes, avec parfois la complicité des élu.e.s. En effet, on peut tout de même s’étonner du fait que la ville de Chasse organise un « job dating » pour l’enseigne BK, alors même qu’elle a déclarée l’urgence climatique en 2020. Oui, nous sommes encore dans un temps ou l’emploi n’a pas d’odeur pour certaines municipalités. Faciliter et s’investir dans le recrutement de sociétés qui représentent encore l’ancien monde en train de nous faire crever, est éthiquement acceptable, mais moralement condamnable.
Rappelons ce qu’est burger king :

Burger King, le roi de la déforestation massive (extrait du rapport de Mighty earth, 2017)

Mighty Earth et Rainforest Foundation Norway (RFN) ont rendu public en 2017 un rapport qui expose en détail les résultats d’une enquête sur Burger King et deux grands négociants figurant dans sa chaîne d’approvisionnement, Cargill et Bunge. Ce rapport révèle comment ces sociétés sont impliquées dans une entreprise systématique de déforestation qui anéantit l’habitat des jaguars et des paresseux d’Amérique latine dans le seul but de produire du soja.
Grâce à des images satellite, Mighty et RFN ont pu identifier en Amérique latine des zones de déforestation résultant des activités de Cargill et Bunge liées au soja. En se fondant sur ces analyses, Mighty et RFN ont concentré leur enquête de terrain sur le Cerrado brésilien, une vaste écorégion de savane tropicale, et sur les basses terres du bassin amazonien en Bolivie. Souhaitant documenter l’origine des plants de soja qui nourrissent les bovins, les poulets et les cochons du monde entier, l’équipe d’enquête a réparti ses recherches sur 28 lieux différents du Cerrado et du bassin amazonien, couvrant ainsi plus de 3 000 kilomètres. Cette équipe a ainsi pu récolter un grand nombre de photos et de vidéos captées par des drones qui témoignent du défrichement rapide de certaines des dernières forêts et savanes intactes du monde, notamment par des incendies méthodiques.
« Les hamburgers Burger King sont la dernière viande mystère, a déclaré Kristin Urquiza, directrice de campagne de Mighty Earth. Nous avons voulu connaître sa provenance, et ce que nous avons trouvé n’est pas beau à voir. Le roi du burger règne sur un royaume de déforestation. »
Grâce à une cartographie approfondie, l’enquête démontre que 567 562 hectares de terrain ont été défrichés de 2011 à 2015 dans les zones où opère Bunge. En 2017, plus de la moitié du Cerrado a déjà été détruit, principalement pour y planter du soja ou y élever du bétail.
« Burger King n’a mis en œuvre aucune politique permettant d’éviter que la nourriture qu’elle sert contribue à la destruction des forêts. C’est inacceptable, et on dirait qu’ils s’en moquent, a déclaré Nils Hermann Ranum, directeur du département des politiques et campagnes de Rainforest Foundation Norway. »
Cargill et Bunge vendent du soja destiné à l’alimentation animale. Cette dernière est utilisée par les éleveurs de bétail qui produisent la viande entrant dans la composition des burgers, chicken nuggets, hot-dogs et autres produits carnés. Burger King est la deuxième chaine de hamburgers au monde. Avec plus de 19 000 restaurants, elle se déploie sur près de 100 pays ; elle fait partie des sociétés contrôlées par le fonds d’investissement 3G Capital.

Burger King, les pires pratiques d’élevage et d’abattage de poulets

https://reporterre.net/Souffrance-des-poulets-L214-s-en-prend-a-Burger-King (extraits de l’article, 2021)
Les poulets des plats de la marque sont élevés à vingt-deux par mètre carré, ce qui correspond environ à un poulet par feuille A4. « On ne comprend pas pourquoi Burger King traîne autant. On les contacte depuis plus de deux ans mais ils refusent de nous répondre, alors qu’aux États-Unis et en Angleterre, la chaîne s’engage déjà contre ces pratiques. »
Hélène, activiste de L214, nous explique que lors de l’abattage, les poulets sont suspendus par les pattes et que leurs organes écrasent leurs poumons. « C’est de tout ça dont j’aimerais parler avec eux, afin de leur demander de prendre des engagements contre ces pratiques. » Elle compte sur les salariés du groupe ainsi que sur les franchisés pour porter ces revendications en interne.

Burger King, jamais sans mon jetable

https://reporterre.net/Vaisselle-lavable-les-fast-food-en-infraction (2023)
La loi sur la fin des emballages jetables entrée en vigueur au 1er janvier dans les restaurants est (très) loin d’être respectée. C’est le constat dressé par l’association Zero Waste France qui avait promis de veiller au grain. Du 9 au 22 janvier 2023, plus d’une centaine d’activistes du mouvement ont inspecté, dans quarante-huit villes et territoires de métropole et d’outre-mer, 286 restaurants des quatre chaînes de restauration rapide les plus célèbres dont Burger King.
59 % des restaurants de l’enseigne visités servent encore les repas sur place dans de la vaisselle jetable. Les restaurants ont pourtant eu trois ans pour se préparer .
Chacun sait qu’à proximité des fast-food, la pollution est massive. Elle s’exporte même dans les voitures grâce aux drives. On en retrouve partout de ces satanés déchets de distribution. Combien de sachets et emballages des fast-foods y’a-t-il dans le 6ème continent plastique au coeur du Pacifique ?

Burger King : l’emploi précaire

Stress, horaires décalés, salaires bas, sciatiques, tendinites, client.e.s insultant.e.s, c’est ça le quotidien d’un.e salarié.e de la restauration rapide ! Ce sont des emplois pénibles à l’extrême, on sait que les horaires décalés favorisent des pathologies cardiaques. Finir le service à 1h du matin, et nettoyer jusqu’à 2h…Il faut avoir une santé de fer, une santé de jeune étudiant corvéable à merci.
Avoir un travail à tout prix n’est plus dans l’air du temps. Les difficultés de recrutement sont réelles dans la restauration, les patrons commencent à revoir leurs conditions, et les salaires dans la resto traditionnelle ont déjà été augmenté depuis le confinement. Mais ce n’est pas assez. Les salariés des fast-food méritent 2000€ / mois pour pouvoir répondre aux caprices des client.e.s à tout heure du jour et de la nuit. Ce qui met la rage, c’est que des responsables politiques se rendent complices de la valorisation mensongère de ce type de carrière professionnelle.
« Des équipiers ont récemment fait grève pour sous-effectif, rupture de stock et pression face aux clients mécontents, ils confient « être à bout : nous ne sommes aujourd’hui que 31 équipiers, alors que nous devrions être le double. D’autres soucis touchent le personnel nettoyant qui travaille de nuit et est partiellement non-déclaré. » (Enquête moralscore 2019)

Burger King défiscalise

Comme tous les groupes nébuleux de capitalistes affamés, l’objectif est la rentabilité, pas le bien-être humain ou animal. Déjà en 2014, le rachat de concurrent à des fins de défiscalisation : https://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Burger-King-rachete-un-groupe-canadien-pour-echapper-a-l-impot-americain-2014-08-25-1196532
En rachetant la chaîne de cafétérias Tim Hortons, l’équivalent canadien de Starbucks, ces deux sociétés atteignent les 18 milliards de dollars de capitalisation boursière, faisant de cette nouvelle entité le numéro trois mondial de la restauration rapide sur les marchés.
La manœuvre n’est autre, en réalité, qu’une forme d’optimisation fiscale, baptisée « corporate inversion » par les fiscalistes américains. Le principe est simple : une entreprise rachète sa rivale à l’étranger, de préférence dans un pays à la fiscalité attractive, comme les Pays-Bas, le Canada ou l’Irlande, et y transfère son siège social. Ses équipes et son activité, elles, restent aux États-Unis.

Voir arriver burger king sur le territoire n’est pas une victoire loin s’en faut. Le modèle marchand que l’enseigne représente est celui qui a propulsé le monde contemporain dans l’abîme. N’y allez pas, s’il vous plait, vous avez ce pouvoir.

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