Analyses Patriarcat Culture

Même à Pandora, le patriarcat règne

Le premier film Avatar a été longuement loué pour sa dimension visionnaire, tandis
que sa suite, Avatar, la voie de l’eau, a échoué dans sa mission, en promouvant un
discours réactionnaire, traditionnel et complètement opposé au premier.

Alors que Jake Sully et Neytiri ont formé une famille et font tout pour rester aussi soudés que possible,
ils sont cependant contraints de quitter leur foyer et d’explorer les différentes régions encore mystérieuses de Pandora. Lorsqu’une ancienne menace refait surface, Jake va devoir mener une guerre difficile contre les humains.

Ce film qui s’avère, certes, être une révolution technique dans le monde du cinéma en introduisant la capacité de la motion capture sous l’eau, s’avère être un échec du point de vue de l’histoire . Les incohérences scénaristiques sont nombreuses et le synopsis semble dépassé, ne prenant pas en compte les changements culturels et sociaux survenus depuis la sortie du premier film en 2009.

L’évolution ou plutôt la régression du personnage de Neytiri est particulièrement frappante. Alors que dans le premier volet de la saga, elle est présentée comme une femme forte, indépendante, guerrière, et semble très clairement être celle qui domine dans sa relation avec Jake, ces aspects de sa personnalité semblent complètement mis au second plan dans le deuxième volet. Même si elle semble conserver son côté de guerrière, celui-ci est dépassé et devient très minime face à son rôle prédominant de mère. Ce trait est alors exagéré au point de devenir une de ses principales caractéristiques et prend alors une place démesurée dans la continuation de ce personnage. Ainsi, elle est présentée
comme une mère très protectrice prête à se sacrifier pour son mari et ses enfants. La différence entre son mari et elle ne se place pas dans la différence d’espèce (ce qui aurait pu être intéressant à creuser) mais bien dans la différence de genre qui les sépare. Cela est mis en lumière lorsque nous comparons Jake et Neytiri, ainsi que leur gestion respective de leurs émotions. En effet, par exemple, lors de la mort de leur fils, Neteyam. Lors de cette scène émotionnelle, le personnage de Jake est présenté comme quelqu’un pouvant garder son calme, restant rationnel face à la situation, et se concentrant sur son but final, tuer le colonel Quaritch. Le personnage de Neytiri devient quant à elle complètement hystérique et n’arrive plus à contrôler ses émotions, ce qui “oblige” donc Jake à la “ramener à la réalité” en essayant de la calmer répétant alors les clichés sexistes déjà vu et revu dans tant de film.

Ainsi, la jeune femme forte et courageuse que nous avions pu découvrir dans le premier film est, dans la suite de la saga, simplement rattachée à son rôle de mère hystérique bien lointain de la neytiri du premier volet de la saga. Elle prend alors le rôle de personnage secondaire, voire pire.

Le rôle des enfants dans le film est également témoin du patriarcat ancré. En effet tout au long du film, lorsqu’il y a des scènes de batailles, se sont les deux garçons Lo’ak et Neteyam qui partent à la guerre tandis que les filles sont mises de côté et ne participent jamais aux combats. En plus de cela un des personnages qui est le plus développé est Lo’ak un des fils de Jake, un homme donc, alors qu’à côté de cela il y a Kiri, personnage qui a l’air très intéressant mais à qui on accorde très peu de scènes au point de ne pas pouvoir expliquer comment elle a pu êtrecréée, et le peu de scènes qui lui sont consacrées, sont incompréhensibles par manque de contexte surement àcause d’un montage lui aussi, raté. Deplus, la plus petite des deux, Tuk permet seulement d’attendrir le spectateur et n’apporte rien de concret au film. Ainsi, il aurait peut-être fallu créer moins de personnages pour pouvoir se concentrer sur quelques-uns d’entre eux et développer alors des histoires cohérentes. Plus généralement, malgré l’annonce de James Cameron disant que le film se concentrait beaucoup sur la famille, la représentation de la famille reste archaïque pour un film qui dépeint une civilisation censée être “futuriste” et à des années lumières de notre société actuelle. En effet, l’organisation de la famille est très analogue à celle qu’on connait aujourd’hui dans nos sociétés occidentales, il y a deux parents, un homme et une femme, et 4 enfants, deux filles deux garçons et cela ne choque personne alors que la civilisation est présentée et censée être dans un monde futuriste a des années-lumière de la nôtre. On pourrait penser que Jake, en tant qu’ancien humain, a importé la culture terrestre sur pandora. Mais comment, en étant resté au contact des Na’vi durant des années, cette culture a pu subsister et s’étendre même à toute la tribu -voire même à toute les na’vi- quand on voit que le même schéma se répète chez la tribu de l’eau, très éloignée des omaticayas. De plus, le paternalisme est également lui aussi très présent, plusieurs fois dans le film Jake nous rabâche qu’ “un père doit protéger sa famille” comme si ce n’était pas également le rôle d’une mère. Les fils appellent également leurs père “chef” au lieu de papa comme tout enfant normal. Enfin, alors que nous sommes à des années lumières de la terre, le père transmet son nom de famille à chacun de ses enfants. Ainsi, au lieu de réfléchir à une nouvelle forme d’organisation familiale James Cameron répète les mêmes schéma que nous connaissons dans nos société actuelle avec le même paternalisme et le même patriarcat qui existe encore aujourd’hui chez nous.

Les positions de pouvoir sont elles aussi preuve d’un patriarcat ancré sur Pandora ; elles sont monopolisées par des hommes. Dans la tribu des Omaticaya, c’est Jake premièrement qui est le chef de celle-ci, puis quand il doit partir, délègue son rôle de leader à un autre homme de la tribu. Plus tard dans le film, quand la famille Sully arrive à Metkayina, le chef de tribu est encore une fois un homme, bien qu’on présente une femme à ses cotés. Cependant, celle-ci ne possède pas la position de chef et est présentée comme quelqu’un de sauvage voire hystérique, tandis que son mari est lui aussi quelqu’un de très rationnel comme ce que l’on retrouve entre Neytiri et Jake.

Le plot du film, lui-même, renforce les stéréotypes de genre, en effet, si on veut résumer dans de très grosses lignes ce film, c’est le méchant du premier qui veut sa revanche et va se battre contre le gentil Premièrement, on peut noter le manque d’originalité du scénario, mais en plus de cela les hommes sont ici représentés comme des personnes férues de violence ainsi que de revanche. On comprend alors que les hommes du 22ème siècle gardent lesstéréotypes qui sont déjà critiqués et déconstruits en 2022.

Enfin, on a pu constater que dans l’écriture ainsi que la réalisation du film, le fameux male gaze est présent, beaucoup trop présent, pour ne citer qu’un exemple, mais le plus marquant selon moi, est l’hyper-sexualisation de Tsireya lors de sa première apparition à l’écrans, alors que ce n’est censé être qu’une adolescente, on met en avant ses formes et son physique, une présentation à laquelle aucun homme n’a droit. On peut ajouter d’ailleurs, que dans le film, ce personnage n’a qu’un seul intérêt est d’être le crush de Lo’ak et renforce alors simplement un autre personnage masculin n’ayant pas de réelle histoire.

Ainsi, le tant attendu Avatar 2, la voie d’eau, a certes réussi à révolutionner de manière technique le cinéma et notamment la 3D. Cependant, un film ne se limite pas seulement aux avancées technologiques qu’il apporte mais surtout a son histoire et à ce qu’il apporte à notre société, objectif que James Cameron n’a pas du tout réussi à atteindre proposant alors un scénario tout sauf original avec un
patriarcat plus que ancré qui n’a rien de visionnaire.

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