À lire ailleurs Anti-capitalisme

Voleuse anti-crise, ou voler pour manger bio

Ce sont deux femmes, insérées dans la société qui travaillent et qui sont confrontées chacune à leur manière à la vie chère et aux inégalités. L’une vole par solidarité, l’autre pour continuer, malgré l’inflation et la baisse de son niveau de vie, à pouvoir manger des produits de qualité.

La toute première fois, elle avait douze ans, et c’était un mascara dans un Sephora pour faire comme ses copines. Puis, des habits, pour faire comme sa cousine. Aujourd’hui, cette jeune maman vole des produits alimentaires dans des magasins de grands distributeurs.
"Vu la conjoncture économique et l’inflation, on a moins de produits. [...] C’est un luxe de bien manger, clairement".

Les produits bio, d’ordinaire plus chers que les autres, sont devenus quasiment inaccessible pour elle. "La pâte d’amande grillée, on est à 17-18 euros. Les produits de beauté, les savons... et la viande, c’est juste plus possible d’en acheter." Alors, la jeune femme, refusant de renoncer à une alimentation de qualité, s’est mise à voler, mais conformément à son éthique. "J’estime que l’agroalimentaire nourrit les actionnaires, donc je n’ai aucun scrupule à voler la grande distribution. C’est presque légitime de le faire puisque c’est ce qu’ils font eux en augmentant les prix comme ils le font.", affirme-t-elle. Sa méthode, c’est de voler sans dissimuler.
"Je prends le produit, je le mets dans la main et simplement, je ne le donne pas à la caisse et le garde dans la main. Si la caissière le remarque, je trouve une excuse et je lui donne, mais généralement ça ne se voit pas".

Elle a conscience qu’elle est privilégiée, en tant que femme blanche : "j’ai peu de risques de me faire fouiller ou de me faire arrêter". Ce n’est que récemment qu’elle l’a avoué à ses ami.es et à son conjoint. Si ce dernier a d’abord été un peu réticent, il s’est finalement lui aussi mis à voler des produits bio.

A écouter sur France Culture

suggestion article